Féminisme et Domination


Red, soumise présente l'apparente contradiction entre féminisme et domination et comment elle entend concilier ces deux termes.


Une contradiction apparente des termes

« Soumission et féminisme » peut-apparaître d'abord, il faut bien l'admettre, comme une antinomie, une opposition des deux termes, quasiment une provocation.

Le féminisme suppose la lutte contre l'ordre établi, l'opposition au système patriarcal, le refus du pouvoir masculin, la remise en cause de la supériorité de l'homme sur la femme et en positif l'indépendance d'esprit, la force individuelle ou collective, la liberté d'agir à sa guise, d'utiliser son corps comme on l'entend...

De l'autre côté, quasiment aux antipodes, la soumission laisse entendre l'acceptation des choses comme elles sont, l'aliénation au système patriarcal, le désir du pouvoir masculin, l'intégration de la supériorité de l'homme sur la femme et en négatif, la dépendance à une autorité, le manque d'autonomie, la faiblesse et l'absence de volonté, l'abandon de son corps et de sa destinée à d'autres mains...


Mieux se connaître et assumer ses « contradictions »

Cette contradiction apparente des termes, je la ressens comme faisant partie de moi au plus profond, dans ma chair et dans mon vécu.

Je suis féministe d'abord par tradition familiale, comme on adopte la religion de ses parents, sans forcément la pratiquer. Ma mère était féministe. Elle était aussi la principale figure d'autorité du foyer puisqu'elle élevait seule ses trois enfants, mon père et elle ayant divorcé lorsque j'avais un an.

Elle était donc féministe et dominante, mais disait-elle : « pas MLF » car elle trouvait les femmes de ce mouvement trop radicales et « anti-hommes » ce que ma mère n'était pas.

En ce qui me concerne, je me sens le fruit de cette tradition. Je suis féministe aussi car j'observe que nous vivons dans un système patriarcal, une société où les hommes ont des privilèges que les femmes n'ont pas. Les salaires comme l'accès à certaines professions ne sont pas les mêmes. Une femme pour réussir ne devra pas être « à compétences égales » mais prouver plus fortement qu'un homme sa compétence si elle s'avise de vouloir occuper un poste habituellement confié à un homme. Donc comme ma mère je ne mets pas en accusation les hommes, mais le système patriarcal.

Au-delà de ce combat pour l'égalité des hommes et des femmes à compétence et travail égal, je suis sensible aussi à la liberté de faire avec son corps ce que l'on veut, faire des enfants ou pas, faire l'amour ou pas, vendre des services sexuels, les offrir, se faire attacher, battre si l'on veut... Mon corps m'appartient, et il m'appartient de l'offrir à qui je veux.

Bien que n'étant pas une adepte de « l'ordre naturel des choses », je peux pourtant dire que je me sens soumise par « nature ». C'est-à-dire que je n'ai pas l'impression d'avoir fait ce choix, mais que mes émotions et mon ressenti m'ont portée vers ce statut. Je ne pense pas que cela soit inné, mais le fruit de mon éducation et du contexte qui fut le mien, mère autoritaire et peu tendre, éducation stricte. Mes diverses expérimentations m'ont confirmé ce que mes fantasmes m'indiquaient. Ma sexualité est tout entière orientée par cette pulsion de soumission, au-delà du genre des personnes avec lesquelles j'ai pu avoir du sexe, c'est le rapport de domination qui animait d'abord ma libido. Je suis pansexuelle, c'est-à-dire que le genre des personnes avec lesquelles je peux être en interaction sexuelle n'est pas un critère de choix pour moi, en tous cas pas de façon consciente.

Comment résoudre la contradiction ?

D'abord l'assumer en tant que telle. Je suis contradictoire, et alors, quel mal je fais et à qui ?

Ensuite se dire que soumission et féminisme ne sont pas si contradictoire à bien y regarder. Il faut avoir du caractère, de la force et de l'indépendance d'esprit pour plonger dans cet univers de Domination-soumission si décrié.

Pour moi, la relation de Domination peut être une démarche féministe car abandonner le pouvoir est un choix libre et volontaire, dans lequel on fait intervenir son jugement et son intuition pour se donner à la bonne personne. C'est une décision raisonnable si cela permet de trouver un équilibre, de retrouver un intérêt à la vie qui en dehors, peut quelquefois manquer de sel.

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